Padma Yoga

HYP : Introduction au Pranayama

Nous commençons aujourd’hui l’exploration du chapitre 2 du Hatha Yoga Pradipika (HYP), en étudiant les aphorismes 1 à 20 qui posent les bases du Pranayama. On reparlera aussi du Pranamaya kosha pour un contexte, et on mettra en lumière l’importance de la purification des nadis, les canaux énergétiques, à travers la pratique du Nadi Sodhana.

Une fois la posture établie à travers la pratique d’āsana, et lorsque le yogi a adopté le mitahara, une alimentation yogique modérée, on doit aborder la pratique de pranayama : l’expansion et de la maîtrise de l’énergie vitale ou prāna, à travers le souffle.

Pour mieux comprendre…

Pranayama est un mot sanskrit composé de deux termes : prana, l’énergie vitale, et ayama, l’expansion. Ainsi, le pranayama est l’expansion de l’énergie vitale à travers la respiration. Pour comprendre ce mécanisme, voici un rappel de la théorie sur l’anatomie subtile.

Le pranamaya kosha, ou « corps énergétique », est l’un des cinq koshas (ou couches) qui composent l’être humain selon la philosophie yogique. Cette couche représente le corps énergétique, qui est nourri et soutenu par le prana, l’énergie vitale. Le prana circule à travers un réseau subtil de canaux appelés nadis. Parmi les 72.000 nadis, trois principaux se distinguent : sushumna nadi, qui traverse la colonne vertébrale et représente le canal central d’éveil spirituel, et ida et pingala, qui s’enroulent autour de sushumna comme une double hélice. Ida nadi est associé à l’énergie lunaire, à la tranquillité et à l’intuition, tandis que Pingala nadi incarne l’énergie solaire, l’action et la vitalité. Ensemble, ces nadis régulent et équilibrent le flux de prana dans le corps, influençant notre bien-être physique, mental et émotionnel. C’est dans la convergence des nadis, qu’on trouve les chakras ou les centres d’énergie. De retour au pranayama, cette pratique repose sur 4 phases, que nous maîtriserons différement selon les différentes techniques :

  1. Inspiration (pūraka)
  2. Rétention à poumons pleins (antar kumbhaka)
  3. Expiration (rechaka)
  4. Rétention à poumons vides (bahya kumbhaka)

Le souffle, le mental et le prana

Dans le yoga, on fait souvent le lien entre le souffle et l’état intérieur : lorsque la respiration est agitée et irréguliere, elle reflète un mental inquiet. En revanche, un souffle calme et régulier est le signe d’un esprit apaisé.

La pratique du pranayama, et en particulier du kumbhaka (la rétention du souffle, à poumons pleins ou poumons vides), joue un rôle central dans cet apaisement. Pendant la rétention, l’activité nerveuse diminue, les réponses cérébrales s’apaisent, et nous pouvons cultiver un état de témoin intérieur, d’observateur, pour transcender les fluctuations mentales.

Le prāna, c’est l’énergie de vie qui anime notre corps physique. Même si le corps physique est là, sans le prāna, il n’y a que la mort. Cette énergie de vie qui circule par les 72.000 nadis, est alimentée et régulée par le souffle. Une respiration lente et consciente purifie et nettoie les canaux énergétiques.

Dans la tradition yogique, on dit que la vie peut se mesure en nombre de respirations plutôt qu’en nombre d’années. Ainsi, en respirant lentement et profondément, on prolonge sa durée de vie, alors qu’une respiration rapide et agitée épuise plus vite le prana, raccourcissant ainsi l’existence.
Cette théorie trouve un écho dans la nature : les animaux qui respirent rapidement, comme les chiens ou les lapins, ont une vie courte. En revanche, les créatures dont la respiration est lente et profonde, comme les tortues ou les éléphants, jouissent d’une longévité remarquable.

En plus de clarifier l’esprit et de purifier notre énergie pour ouvrir la voie à des états de conscience plus élevés, le pranayama améliore la capacité respiratoire et offre de nombreux bienfaits pour la santé : favorise une meilleure oxygénation des cellules, ce qui soutient le bon fonctionnement des organes; améliore la circulation sanguine, tonifie la musculature thoracique, stimule le système immunitaire, favorise une posture alignée et contribue à une meilleure qualité de sommeil.

Pratique de Nadi Sodhana : Purification des nadis

Le HYP nous invite à effectuer une pratique régulière de Nadi Sodhana, pour purifier les nadis et permettre au prāna de circuler librement. En position de padmasana, le lotus, on doit pratiquer la technique suivante :

  1. Inspiration par la narine gauche
  2. Rétention interne (antar kumbhaka) avec les trois bandhas (périné, abdomen, gorge)
  3. Expiration par la narine droite
  4. Inspiration par la narine droite
  5. Rétention interne avec les trois bandhas
  6. Expiration par la narine gauche, puis recommencer.

En résumé : on expire – inspire par une narine –> on retient le souffle à poumons pleins avec les 3 bandhas –> on change de narine pour recommencer.

Le HYP nous invite à pratiquer 4 fois par jour (aube, midi, crépuscule, minuit) jusqu’à 80 répétitions par session, soit 320 répétitions par jour. Quant à la durée de cette technique, on devrait suivre le ratio 1:4:2

Avant de vous décourager, je vous rappelle que ce livre a été compilé pour les personnes qui dédient leur vie à la pratique. Étant donné que ces temps sont déjà plutôt avancés pour la plupart d’entre nous, on peut respecter le ratio 1:4:2 avec un rythme plus gentil (comme 4:16:8 par exemple) et avancer doucement en fonction de ses possibilités. Ceci dit, voici les niveaux présentés par le livre :

  • Débutant : 12 temps inspiration / 48 temps rétention / 24 temps expiration. Ici le corps présente de la sudoration, qu’on devrait frotter dans le corps comme si c’était un baume.
  • Intermédiaire : 16 temps inspiration / 60 temps rétention / 32 temps expiration. Ici le corps commence à présenter des tremblements.
  • Avancé : 20 temps inspiration / 80 temps rétention / 40 temps expiration. Dans ce niveau se produit le réveil de Kundalini.

Bienfaits du Nadi Sodhana

La pratique de Nādi Sodhana doit être effectuée régulièrement, avec un mental pur et sattvique. Dans la posture de padmasana et avec une progression adaptée à son niveau de pratique, elle peut apporter des bienfaits physiques, mentaux et spirituels :

  • Élimination des toxines et des maladies
  • Bénéfique contre la toux, le hoquet, l’essoufflement, les migraines et les affections des oreilles et des yeux
  • Beauté, tonus et minceur du corps
  • Bénéfique pour le système digestif et respiratoire

Merci beaucoup de m’avoir accompagnée dans cette lecture pour mieux comprendre le Nadi Sodhana. Je vous attends la semaine prochaine pour continuer à explorer chapitre par chapitre les enseignements du Hatha Yoga Pradipika.

Cariños,
Julieta